Discours du Grand Maitre de la Grande loge de France
Lors de la venue de Madame Roosevelt, a Paris.
Grand Loge de France, 9 décembre 1948
Madame, mes chers amis,
Que pourrais-je ajouter aux paroles de bienvenue que viennent de vous adresser nos Frères en vous accueillant dans notre grande famille ? C’est aussi pour moi un immense honneur, une joie infinie de voir aujourd’hui parmi nous celle qui a été la compagne du meilleur ami de la France, Franklin Roosevelt, le plus grand Président du monde.
Il y a trois ans, le peuple de France apprenait avec une profonde émotion et une indicible tristesse, au moment où les glorieuses armées américaines avançaient au cœur de l’Allemagne, une terrible nouvelle qui le laissait dans la stupeur et dans l’angoisse. En perdant Franklin Roosevelt, le peuple des Etats-Unis d’Amérique se voyait prive de son guide le plus sur et le monde entier du champion de la Liberté.
L’univers avait les yeux fixés sur lui. Aucun homme plus que lui n’avait su gagner la confiance de tous. Chef de l’Etat dans un pays libre, il avait conscience d’être le pilote à la barre. Avec clairvoyance, patience et habilite, il a éclairé, conduit, déterminé le grand peuple qui l’avait choisi pour diriger sa destinée. Pendant plus de douze ans, il s’est comporté en toutes circonstances comme un homme de génie. Jamais Président des Etats-Unis, en effet, n’avait du faire face a une situation aussi critique et prendre aussi vite des résolutions graves, qui engageaient l’avenir.
Oui, douze ans de Présidence, la treizième était en cours, ont permis a Franklin Roosevelt de realiser le sens de sa vie tel qu’il l’avait voulu.
A sa volonté d’organiser le destin s’ajoutaient des qualités d’initiatives et d’audace qu’il tenaient de ses ancêtres dont l’un, des 1609, contribua a fonder New Amsterdam, la ville qui devait devenir New York. Et nous sommes fiers de dire, Madame, que par sa mère il avait du sang Français.
Travailleur et persévérant des son jeune âge, il est nomme, a l’âge de 29 ans au Senat de son Etat et, a 31 ans il passe au poste beaucoup plu important de Gouverneur. Et des lors, c’est la carrière politique au cours de laquelle le Grand Homme ne cesse, malgré les épreuves et les douleurs, de faire triompher la cause du Bien avec un esprit qui domine les choses et un cœur qui se prodiguait chaque jour davantage a la cause de l’humanité.
Nous sommes heureux de dire qu’il fut vraiment un Grand Homme d’Etat et aucun historien ne saurait nous donner un démenti. Si l’on envisage le long tissu de belles actions que fut sa vie, on ne peut s’empêcher de comparer Franklin Roosevelt a ses deux illustres prédécesseurs, Washington et Lincoln. Comme eux, il forgea la destinée de la nation au cours de crises sans exemples. Dans les heures tragiques, il fut, comme Washington, le Père de la Patrie. Et tel Lincoln, Roosevelt, l’homme au cœur pur, groupa son peuple autour de l’idéal sublime dont il était le Mage.
Son idéal, Madame, c’est aussi le notre et c’est pour cette raison que nous nous comprenons si bien. Notre pays, il avait appris à l’aimer des sa jeunesse. Cette amitié datait de loin.
Encore enfant, il avait parcouru a bicyclette, les coins pittoresques de Paris et de sa banlieue. En 1917, au cours de la première guerre mondiale, il était venu sur notre front et, plus tard, il s’était lie d’amitié avec Georges Clemenceau pour lequel il avait une grand admiration. Et quand l’horizon politique s’assombrit en 1936, il réussit à modifier l’orientation des Etats –Unis et tenta de les rapprocher des démocraties européennes. Son premier geste fut de s’adresser, par radio, a la nation française. Nous nous rappelons tous, Madame, l’émouvant discours qu’il prononça, a cette époque, à Montfaucon, pour l’inauguration du Monument aux Américains morts sur le sol de France. Les paroles de Franklin Roosevelt traduisaient les sentiments qu’il n’avait jamais cesse d’éprouver a l’égard de notre patrie : « Nous n’avons jamais oublie, déclarait-il, et nous n’oublierons jamais l’aide que la France nous a apportée pendant les jours sombres de la Révolution américaine, »
Et ce serment, Roosevelt le rappela le 1er janvier 1941 quand la France gémissait sous l’oppression allemande : « C’est pour la France que mon cœur bat. Je prie afin que le peuple français recouvre bientôt sa paix, avec la liberté, l’égalité et la fraternité. »
Hélas, le 12 avril 1945, quand il eut forge la Victoire qui rendit a notre peuple sa liberté d’action dans l’indépendance, Franklin Roosevelt rentrait dans l’immortalité. Ce soir la, la France entière prit le deuil de son grand Ami.
Dans la gigantesque lutte que fut la dernière guerre, il appartient a la lignée peu nombreuse des hommes qui ont su orienter le destin du Monde, a la lignée, plus rare encore de ceux en qui le Monde mettait tout son espoir. Roosevelt avait jeté sur nos ténèbres la lumière de la Liberté.
Son œuvre qui s’inspire des principes de la Révolution Française de 89, marque l’apogée d’un demi-siècle d’action humanitaire. Accédant au pouvoir a un moment ou l’effondrement de la république semblait menacer et ou les hommes commençaient a désespérer de l’aptitude d’une démocratie constitutionnelle, il restaura la confiance et prouva qu’une démocratie pouvait, elle aussi, agir avec efficacité. Sous sa conduite le peuple américain résista aux coups de la dépression et de la redoutable épreuve de la guerre.
Roosevelt n’a cesse d’élever ses compatriotes et de les orienter. Il a fait appel a tout ce qu’il y a de plus humain dans son peuple, parce qu’il était lui-même essentiellement humain. Son peuple sortit de l’épreuve fort et respecte avec une foi plus vive que jamais dans la démocratie et dans le triomphe de la justice et de la Liberté en ce monde. Sa vie durant, il a mis en pratique les trois grandes vertus cardinales ; Foi. Esperance, Charité, il eut la volonte de ranimer le monde a leur chaleur et d’en ordonner l’évolution a leur lumière.
Et si nous admirons un tel homme, Madame, nous n’en admirons pas moins sa compagne qui partagea ses epreuves et ses souffrances en l’aidant dans la noble tache qu’il avait entreprise. Et lui, disparu, vous continuez cette tache sublime.
Nous savons tous le nombre incalculable de lettres et de colis que vous n’avez pas hesite a envoyer pour soulager nos misères, Votre bonté et votre générosité n’ont pas d’égales. Vous avez adopte, chez nous, un orphelin et une orpheline,
Au nom du peuple de France, nous vous disons un grand Merci.
Et puis, comme nous, vous prodiguez sans compter pour maintenir la dignité de l’homme dans la paix. N’avez-vous pas déclaré en débarquant au Havre, il y a quelques semaines : « Ma mission a l’ONU sera spécialement de m’occuper de la Charte des Droits de l’Homme. Voila deux ans que je travaille à élaborer un plan précis. Cette Charte repose naturellement sur les principes fondamentaux des révolutions françaises et américaines. Nous voulons établir, de façon indiscutable et indiscutée la liberté de l’homme libre. » Et vous ajoutiez encore : « Ce que je puis vous dire, c’est que vous n’avez pas idée de notre désir unanime en Amérique d’aider la France et de l’aider par tous les moyens, car nous aimons vraiment votre pays. Nous sommes certains que l’ONU parviendra a maintenir la paix dans le monde avec l’Union de tous les hommes de bonnes volonte. »
Le bonheur et la paix du monde, tel est votre idéal, Madame, qui est aussi ;le notre. Mes Frères et moi nous faisons ici le serment de rester avec vous, plus unis que jamais, au service de cet idéal pour le plus grand bien de l’humanité.
Lors de la venue de Madame Roosevelt, a Paris.
Grand Loge de France, 9 décembre 1948
Madame, mes chers amis,
Que pourrais-je ajouter aux paroles de bienvenue que viennent de vous adresser nos Frères en vous accueillant dans notre grande famille ? C’est aussi pour moi un immense honneur, une joie infinie de voir aujourd’hui parmi nous celle qui a été la compagne du meilleur ami de la France, Franklin Roosevelt, le plus grand Président du monde.
Il y a trois ans, le peuple de France apprenait avec une profonde émotion et une indicible tristesse, au moment où les glorieuses armées américaines avançaient au cœur de l’Allemagne, une terrible nouvelle qui le laissait dans la stupeur et dans l’angoisse. En perdant Franklin Roosevelt, le peuple des Etats-Unis d’Amérique se voyait prive de son guide le plus sur et le monde entier du champion de la Liberté.
L’univers avait les yeux fixés sur lui. Aucun homme plus que lui n’avait su gagner la confiance de tous. Chef de l’Etat dans un pays libre, il avait conscience d’être le pilote à la barre. Avec clairvoyance, patience et habilite, il a éclairé, conduit, déterminé le grand peuple qui l’avait choisi pour diriger sa destinée. Pendant plus de douze ans, il s’est comporté en toutes circonstances comme un homme de génie. Jamais Président des Etats-Unis, en effet, n’avait du faire face a une situation aussi critique et prendre aussi vite des résolutions graves, qui engageaient l’avenir.
Oui, douze ans de Présidence, la treizième était en cours, ont permis a Franklin Roosevelt de realiser le sens de sa vie tel qu’il l’avait voulu.
A sa volonté d’organiser le destin s’ajoutaient des qualités d’initiatives et d’audace qu’il tenaient de ses ancêtres dont l’un, des 1609, contribua a fonder New Amsterdam, la ville qui devait devenir New York. Et nous sommes fiers de dire, Madame, que par sa mère il avait du sang Français.
Travailleur et persévérant des son jeune âge, il est nomme, a l’âge de 29 ans au Senat de son Etat et, a 31 ans il passe au poste beaucoup plu important de Gouverneur. Et des lors, c’est la carrière politique au cours de laquelle le Grand Homme ne cesse, malgré les épreuves et les douleurs, de faire triompher la cause du Bien avec un esprit qui domine les choses et un cœur qui se prodiguait chaque jour davantage a la cause de l’humanité.
Nous sommes heureux de dire qu’il fut vraiment un Grand Homme d’Etat et aucun historien ne saurait nous donner un démenti. Si l’on envisage le long tissu de belles actions que fut sa vie, on ne peut s’empêcher de comparer Franklin Roosevelt a ses deux illustres prédécesseurs, Washington et Lincoln. Comme eux, il forgea la destinée de la nation au cours de crises sans exemples. Dans les heures tragiques, il fut, comme Washington, le Père de la Patrie. Et tel Lincoln, Roosevelt, l’homme au cœur pur, groupa son peuple autour de l’idéal sublime dont il était le Mage.
Son idéal, Madame, c’est aussi le notre et c’est pour cette raison que nous nous comprenons si bien. Notre pays, il avait appris à l’aimer des sa jeunesse. Cette amitié datait de loin.
Encore enfant, il avait parcouru a bicyclette, les coins pittoresques de Paris et de sa banlieue. En 1917, au cours de la première guerre mondiale, il était venu sur notre front et, plus tard, il s’était lie d’amitié avec Georges Clemenceau pour lequel il avait une grand admiration. Et quand l’horizon politique s’assombrit en 1936, il réussit à modifier l’orientation des Etats –Unis et tenta de les rapprocher des démocraties européennes. Son premier geste fut de s’adresser, par radio, a la nation française. Nous nous rappelons tous, Madame, l’émouvant discours qu’il prononça, a cette époque, à Montfaucon, pour l’inauguration du Monument aux Américains morts sur le sol de France. Les paroles de Franklin Roosevelt traduisaient les sentiments qu’il n’avait jamais cesse d’éprouver a l’égard de notre patrie : « Nous n’avons jamais oublie, déclarait-il, et nous n’oublierons jamais l’aide que la France nous a apportée pendant les jours sombres de la Révolution américaine, »
Et ce serment, Roosevelt le rappela le 1er janvier 1941 quand la France gémissait sous l’oppression allemande : « C’est pour la France que mon cœur bat. Je prie afin que le peuple français recouvre bientôt sa paix, avec la liberté, l’égalité et la fraternité. »
Hélas, le 12 avril 1945, quand il eut forge la Victoire qui rendit a notre peuple sa liberté d’action dans l’indépendance, Franklin Roosevelt rentrait dans l’immortalité. Ce soir la, la France entière prit le deuil de son grand Ami.
Dans la gigantesque lutte que fut la dernière guerre, il appartient a la lignée peu nombreuse des hommes qui ont su orienter le destin du Monde, a la lignée, plus rare encore de ceux en qui le Monde mettait tout son espoir. Roosevelt avait jeté sur nos ténèbres la lumière de la Liberté.
Son œuvre qui s’inspire des principes de la Révolution Française de 89, marque l’apogée d’un demi-siècle d’action humanitaire. Accédant au pouvoir a un moment ou l’effondrement de la république semblait menacer et ou les hommes commençaient a désespérer de l’aptitude d’une démocratie constitutionnelle, il restaura la confiance et prouva qu’une démocratie pouvait, elle aussi, agir avec efficacité. Sous sa conduite le peuple américain résista aux coups de la dépression et de la redoutable épreuve de la guerre.
Roosevelt n’a cesse d’élever ses compatriotes et de les orienter. Il a fait appel a tout ce qu’il y a de plus humain dans son peuple, parce qu’il était lui-même essentiellement humain. Son peuple sortit de l’épreuve fort et respecte avec une foi plus vive que jamais dans la démocratie et dans le triomphe de la justice et de la Liberté en ce monde. Sa vie durant, il a mis en pratique les trois grandes vertus cardinales ; Foi. Esperance, Charité, il eut la volonte de ranimer le monde a leur chaleur et d’en ordonner l’évolution a leur lumière.
Et si nous admirons un tel homme, Madame, nous n’en admirons pas moins sa compagne qui partagea ses epreuves et ses souffrances en l’aidant dans la noble tache qu’il avait entreprise. Et lui, disparu, vous continuez cette tache sublime.
Nous savons tous le nombre incalculable de lettres et de colis que vous n’avez pas hesite a envoyer pour soulager nos misères, Votre bonté et votre générosité n’ont pas d’égales. Vous avez adopte, chez nous, un orphelin et une orpheline,
Au nom du peuple de France, nous vous disons un grand Merci.
Et puis, comme nous, vous prodiguez sans compter pour maintenir la dignité de l’homme dans la paix. N’avez-vous pas déclaré en débarquant au Havre, il y a quelques semaines : « Ma mission a l’ONU sera spécialement de m’occuper de la Charte des Droits de l’Homme. Voila deux ans que je travaille à élaborer un plan précis. Cette Charte repose naturellement sur les principes fondamentaux des révolutions françaises et américaines. Nous voulons établir, de façon indiscutable et indiscutée la liberté de l’homme libre. » Et vous ajoutiez encore : « Ce que je puis vous dire, c’est que vous n’avez pas idée de notre désir unanime en Amérique d’aider la France et de l’aider par tous les moyens, car nous aimons vraiment votre pays. Nous sommes certains que l’ONU parviendra a maintenir la paix dans le monde avec l’Union de tous les hommes de bonnes volonte. »
Le bonheur et la paix du monde, tel est votre idéal, Madame, qui est aussi ;le notre. Mes Frères et moi nous faisons ici le serment de rester avec vous, plus unis que jamais, au service de cet idéal pour le plus grand bien de l’humanité.